Le Musée de la Mémoire de Rosario est devenu l´un des espaces les plus prestigieux pour réfléchir à propos des années obscures et
douloureuses lors de la dernière dictature en Argentine. Donc, la décision de la visite était difficile, au moins pour moi.
Cependant, j´ai découvert un musée assez différent de celui que j´avais
imaginé avant. Chacun de ses recoins parle à nos esprits sans avoir recours
aux coups bas. Le moyen choisi est l´art, tout simplement. L´art qui nous
parle, qui nous touche, l´art qui transmet tout ce que c´est important dans la
vie.
À l´entrée, juste sur
le trottoir, une petite pièce d´art de rue nous signale le musée avec une phrase
simple:
"Próxima estación... JUSTICIA"
Je dois avouer avoir
attendu quelque temps pour le visiter. On se souvient de cette époque triste de
nos vies, celle de la notre adolescence.
La dernière dictature en Argentine a touché d´une manière ou d´autre nos vies.
Donc, c´est normal: je n´osais pas le visiter. J´avais peur de ressentir la peur encore une fois, de revivre la douleur de ce passé récent.
La dernière dictature en Argentine a touché d´une manière ou d´autre nos vies.
Donc, c´est normal: je n´osais pas le visiter. J´avais peur de ressentir la peur encore une fois, de revivre la douleur de ce passé récent.
Mais je me suis décidée
à faire la visite guidée.
Il s´agit du premier
musée en Argentine qui détient le badge de musée d´intérêt national. Il fut
érigé en mars 2010 dans le
bâtiment où le Comando del II Cuerpo del Ejército fonctionnait à l´époque.
C´est ainsi que le
Musée de la Mémoire est devenu une institution phare des politiques publiques
sur les droits de l´homme et la mémoire.
Ses archives ont une
grande valeur et ils sont en croissance permanente.
J´ai eu la chance de
faire la visite guidée avec M. Rubén
Chababo, le directeur du Museo de la Memoria.
Chaque commentaire
était autant intéressant qu´enrichissant. Il répondait avec gentillesse à toutes
nos questions lors qu´il s´arrêtait dans chacune des stations. Ces endroits déclenchaient
un tas d´inquiétudes par rapport aux “años de plomo” telle était la
dénomination de cette période terrible de l´Argentine.
Une période que la
plupart parmi nous, les visiteurs, avons vécue.
Le parcours invitait à la
réflexion. Même l´histoire du musée est captivante.
M. Chababo a mis en relief le fait d´avoir des archives qui sont en permanente croissance grâce à la confiance déposé par les victimes et leurs familles. Ils ont reconnu le musée comme une véritable institution de et pour la mémoire.
M. Chababo a mis en relief le fait d´avoir des archives qui sont en permanente croissance grâce à la confiance déposé par les victimes et leurs familles. Ils ont reconnu le musée comme une véritable institution de et pour la mémoire.
L´édifice est
magnifique. Les salles sont lumineuses et spacieuses.
Étant donné le thème
que le musée aborde, l´atmosphère est agréable. Au contraire, malgré le fort message
peint sur les murs, le parcours reste tranquille et bon. Alors, je suis
heureuse d´avoir osé faire la visite enfin. Cela a valu bien la peine pour vous
le recommander maintenant. Il s´agit d´une visite pour tout le monde, peu importe
si on est argentin ou étranger. La cause des droits de l´homme est en effet une
cause universelle.
Un groupe
d´artistes reconnus de Rosario ont été invités a intervenir le musée
depuis des différents axes thématiques.
Moi, je crois que l´art est
toujours un moyen excellent pour exprimer nos sentiments. Donc, ces artistes
sont venus nous raconter cette période de l´histoire de l´Argentina, de
l´Amérique et de plusieurs d´autres pays du monde.
Ils ont utilisé des images, des récits des victimes et de leurs témoignages.
Ils ont utilisé des images, des récits des victimes et de leurs témoignages.
Dans la
partie centrale du rez-de-chaussée on découvre l´œuvre magnifique de Dante Taparelli, “Memoria”, qui déploie une sorte de papyrus sur une haute
structure de bois.
Le visiteur peut donner mouvement à la “machine” pour parcourir des faits violents attribués à l´État envers les communautés d´Amérique Latine lors des années.
Le visiteur peut donner mouvement à la “machine” pour parcourir des faits violents attribués à l´État envers les communautés d´Amérique Latine lors des années.
Sur le mur
de la salle, au fond, on trouve des vidéos sur les écrans. Il y en avait une, “Nos
Queda la Palabra”, qui faisait le témoignage audiovisuel des
survivants et leurs familles qui avaient été emprisonnés par la dictature, la plupart de Rosario.
Les récits étaient parfois touchants, parfois effrayants.
Les récits étaient parfois touchants, parfois effrayants.
Dans une petite salle
du rez-de-chaussée, à droit, on peut visiter une installation singulière. Il s´agit
de “Reconstrucciones”
où l´on peut trouver la localisation de chacun des centres clandestins de détention en Argentine.
Au centre, il y a la maquette
de l´édifice du Service d´Information de la Police Provincial, une œuvre de l´architecte Alejandra Buzaglo.
L´œuvre de l´artiste Daniel García, “Ronda”, est placé dans la
partie gauche du rez-de-chaussée, dans un patio semi-circulaire qui fait face à
la rue Moreno.
La lumière naturelle nous
montre l´évocations des marches historiques des mères de la Place de Mai.
On y regarde les dessins de leurs célèbres mouchoirs blancs, le symbole de la douleur
de la recherche de leurs fils. On y écoute leurs voix lors qu´on fait le
parcours le long du corridor.
Puis, à droit on
découvre l´entrée à un autre patio espagnol. L´artiste Norberto Puzzolo a déployé une collection de photographies
d´enfants en noir et blanc sur ses murs. Il s´agit des enfants qui ont été arrachés de
leurs parents.
Sur l´autre mur on regarde les images des enfants qui ont pu récupérer leur identité. La photo de chaque petit enfant récupéré passe d´un mur à l´autre.
Sur l´autre mur on regarde les images des enfants qui ont pu récupérer leur identité. La photo de chaque petit enfant récupéré passe d´un mur à l´autre.
L´œuvre s´appelle “Evidencias” C´est étonnante.
Une autre artiste de
Rosario, Graciela Sacco, a
installé une collection de miroirs et de photos en acryliques dans l´espace
semi-circulaire intérieur. Les images reproduisent des regards d´êtres humains
et d´animaux. Pourtant, on dit que ces dernières n´appartiennent pas
précisément au royaume des animaux. On y voit des regards des bourreaux, des
témoins, des responsables et aussi des délinquants.
L´œuvre s´appelle “Entre Nosotros”
L´œuvre s´appelle “Entre Nosotros”
Dans le patio extérieur
on aperçoit des piliers qui roulent. Une autre création de Dante Taparelli,
une dizaine de colonnes qui tournent et qui à la touche de la main révèlent les
noms de chacune des victimes du terrorisme de l´État en Argentine. Elles sont
tellement nombreuses.
Il s´agit d´un monument
émouvant.
Dans le dernier étage
on a pu profiter de l´expo de León Ferrari. Il s´agit de “Profanaciones”, l´exhibition de pièces de la
série "Nunca Más" avec lesquelles Ferrari a accompagné en 1996 une réédition du
célèbre rapport de la CO.NA.DE.P.,
la Comisión Nacional sobre la Desaparición de Personas.
Les pièces les plus surprenantes
étaient celle de l´avion comme crucifix et aussi les scènes du jugement dernier
à côté des souvenirs du nazisme.
Maintenant, je l´ai fait.
Donc, je vous recommande fortement de visiter
le Musée de la Mémoire de Rosario.
Il s´agit d´un rendez-vous
incontournable avec la véritable histoire douloureuse de l´Argentine.
Visitez aussi le site du musée
Je comprends les sentiments que tu puisses avoir dans un endroit comme celui ci , c'est toujours douloureux ( en fonction de ce que l'on a vécu ) de se replonger dans ces années difficiles .Très beau reportage
RépondreSupprimerC´est ainsi Bruno, il faut faire face à nos fantômes...
SupprimerJ'imagine ton émotion lors de cette visite. Le choix de passer par l'art pour évoquer ce passé douloureux est très bien ! J'avais assisté à une marche des mères de la Place de Mai à Buenos Aires...poignant ! Il faut se souvenir, entretenir la mémoire est un devoir ! Bisous
RépondreSupprimerIl s´agit d´une visite qui touche beaucoup!
SupprimerPour que l on oublie jamais !! et aussi s'en faire le deuil !
RépondreSupprimerC´est précisément pour ça Patrick
SupprimerEvidemment je suis saisie d'une grande émotion à la lecture de cet article, d'autant que tu as vécu cette période horrible. Mais ce musée moderne est très bien orchestré pour la mémoire de ces disparus et surtout "plus jamais ça !" Il faut parler de l'Histoire du pays, c'est de l'information, c'est la mémoire du pays. Bonne soirée Elisa bisous
RépondreSupprimerCe musée est fortement lié au "Nunca Más", le premier jugement de ces crimes atroces
SupprimerBeaucoup d'émotions en lisant tes mots et regardant tes photos, il est bon de sauvegarder la mémoire de ceux qui ont laissé leur vie pour leur pays. Je me souviens d'une visite au musée de la bombe à Hiroshima qui m'a aussi beaucoup émue et de ma visite au mémorial de Vimy dans ma région où des milliers de soldats ont péri..
RépondreSupprimerBises, très belle fin de semaine Elisa.
Merci pour ces mots Edith
SupprimerTrès belle cette suite
RépondreSupprimerA bientôt
Merci!
SupprimerJe me disais bien que ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un de tes billets ! Profite bien de ton voyage !
RépondreSupprimerOui Christine, moi je suis un peu éloignée de la blogo.
SupprimerOn reviendra peut-être dans quelques jours ou après les fêtes